Le Gaz Naturel Liquéfié (GNL) est, comme son nom l’indique, du gaz naturel rendu liquide grâce à un process de condensation par une température baissée à -160°C.
Apparu pour la première fois en 1964, ce procédé réduit 600 fois son volume et lui permet d’être plus facilement transportable. Cette “compression” permet en effet de transporter des volumes importants entre deux pays lointains et non reliés par des gazoducs, grâce à des navires-citernes appelés “méthaniers”.
Vers un changement structurel du marché du gaz
Lors de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les tensions sur les flux gaziers russes avec la fermeture des gazoducs Nord Stream et Yamal ainsi que la non mise en service de Nord Stream 2, ont créé des déséquilibres profonds en Europe.
Les nombreuses sanctions envers la Russie ont eu des conséquences drastiques sur le système d'approvisionnement européen. En effet, beaucoup de pays membres de l’UE se fournissaient auprès de l’ex Union Soviétique - l’Europe occidentale moins que d’autres comme les pays Baltes et la République Tchèque quasiment à 100%...
La solution de repli, grâce à sa disponibilité (coûteuse, ndlr), a alors pris la forme du Gaz Naturel Liquéfié (GNL). Cette augmentation soudaine du besoin a créé un déséquilibre entre l’offre et la demande de GNL. La concurrence entre l’Asie et l’Europe, les deux principaux bassins de consommation, pour faire venir les cargaisons de GNL, a eu des répercussions immédiates sur les cours de l’énergie.
D‘où provient le GNL en France ?
Depuis la restructuration du schéma d’approvisionnement de gaz en Europe, le GNL est la modalité gazière prédominante. Le GNL représente plus d’ ⅓ des importations en France.
En 2023, la part des pays importateurs était répartie ainsi :
- USA : 40,2%
- Russie : 13,2%
- Qatar : 13,1%
- Nigeria : 8,49%
- Algérie : 6,7%
- Norvège : 6,6%
- Angola : 2%
- Autres : 18,2%
Une fois arrivés, les bateaux-citernes déchargent leurs cargaisons de GNL grâce aux unités de liquéfaction et structures de déstockage réparties sur les côtes françaises. On compte cinq terminaux méthaniers opérationnels en France :
- 2 à Fos-sur-Mer (Tonkin et Cavaou)
- Montoir de Bretagne
- Loon-Plage (Dunkerque)
- Le Havre (terminal flottant en service depuis octobre 2023)
Le GNL : une énergie carbonée
Acheminé via gazoduc jusqu’à l’usine de liquéfaction, la transformation du GNL nécessite plusieurs étapes :
- La liquéfaction après refroidissement à -160°C (épuration + déshydratation + prérefroidissement à environ -30°C).
- Le stockage : le GNL est maintenu à l’état liquide dans des cuves en béton ou en métal avant d’être chargé sur les méthaniers pour être transporté.
- La regazéification : c’est le passage d’état liquide à l’état gazeux originel en le chauffant à une température positive (+0°C) puis il est restocké pour être ensuite injecté dans le réseau de transport et de distribution, pour ensuite être stocké ou consommé.
Quels sont les inconvénients du GNL ?
L’acheminement depuis les terminaux méthaniers nécessite de gros investissements. Les différentes opérations de transformation (liquéfaction et regazéification) demandent des infrastructures dédiées. Le transport et le stockage également…
Un autre inconvénient majeur vient du bilan écologique du GNL. L’extraction, la liquéfaction et le transport maritime sont énergivores et émettent de grosses quantités de CO2. En effet, les méthaniers sont intrinsèquements très polluants, comme toute la chaîne du GNL plus globalement.
Prenons l’exemple de la France, dont le principal fournisseur de GNL sont les États-Unis. Les USA exploitent le gaz de schistes pour le transformer en GNL. Son mode d’extraction n’est pas du tout sain pour l’environnement, et est fondamentalement très élevé en carbone.
De plus, le GNL n’est pas sans danger puisque des incidents peuvent rapidement devenir catastrophiques. Enfin, les coûts de raffinage, de transport et assurantiels font que le prix du Gaz Naturel Liquéfié est 20% plus élevé que le gaz qui transite par gazoduc.
Garantir la sécurité énergétique grâce au GNL
Il est impératif de reconnaître que la situation actuelle diffère des schémas historiques. Par exemple, certains experts estiment que l’augmentation potentielle des capacités d’exportation de GNL sera d’environ 20 milliards de m3 pour l’année 2024.
Si les prochains hivers ne rencontrent pas de températures exceptionnelles et que la sobriété énergétique demeure, les tarifs du gaz naturel devraient rester stables. En effet, les fins d’hiver marquent un tournant et deviennent déterminantes, car elles permettent de mesurer les niveaux de stockage et les besoins pour la prochaine saison de chauffe.
Cependant, des incertitudes concernant l’offre demeurent en raison des interruptions de l'approvisionnement ou des augmentations soudaines de la demande - comme nous l’avons connu en Europe lors de la crise énergétique, où les centrales à gaz productrices d’électricité ont joué un rôle crucial dans la hausse soudaine de la demande.
Les fortes capacités de stockage en Europe et la flexibilité du GNL américain ont joué un rôle central dans l'atténuation de ces défis, bénéficiant notamment de la réduction de la demande en Chine et au Japon. Et si le risque de pénurie s’éloigne, celui d’une hausse structurelle des prix s’installe.
En conclusion, bien que l'augmentation prévue de l'offre de GNL puisse initialement sembler alignée sur la croissance anticipée de la demande mondiale, il est essentiel de rester vigilant face à certaines incertitudes, notamment d’ordre géopolitique.
Des événements inattendus peuvent rapidement transformer le paysage du marché, nécessitant une approche proactive, basée sur la flexibilité de la consommation, la résilience du stockage et une gestion stratégique de cette ressource.
La dynamique complexe du GNL et son importance croissante dans l’approvisionnement français et européen sont à suivre, pour pouvoir saisir en tant que consommateur final, des opportunités de fourniture intéressantes.
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